Les sensualistes et leur art. J'ai beaucoup critiqué, dans "Précisions sensualistes" les formes d'art anciennes – la question de l'art, et de son réanchantement, est une question épineuse, trop épineuse pour que je puisse l'aborder ici tout à fait complètement – ; beaucoup ont prétendu que l'art était mort et moi-même je l'ai écrit en mars 1990, dans "Parez-vous etc." : "Nous connaissons trop le beau côté de la vie, les joies immenses, tranquilles de l'amour, les légèretés heureuses, la profondeur vraiment sensible de l'amitié, les plaisirs de l'intelligence critique, créatrice, poétique, sans ambages, du monde et des situations, nous ne sommes pas désespérés et dépassés par ce temps pour être des "artistes". Ce temps nous le comprenons et nous sommes simplement d'une façon très belle et très heureuse et très forte aussi (que ne vous joignez-vous à nous !) en train de l'enterrer sous les débordements affectifs, ludiques, intelligents, heureux de notre sensualité émerveillée retrouvée" tant on avait et on a le droit d'être fatigué par l'art et son marché, et ses calculs sombres et déprimés. L'idée que l'on se fait de l'art est entièrement déterminée par la vision que l'on a de l'histoire et du rôle que les hommes sont amenés à y tenir. L'Avant-garde Sensualiste qui redéploie le genre du manifeste et ceux de la théorie et de la poésie, redéploie également celui des arts qui doivent chanter les très riches et très "grandes heures de l'Homme", pour parler comme Nietzsche. Ainsi le Manifeste Sensualiste n'a-t-il pas attendu plusieurs années après avoir été écrit pour se retrouver au centre d'une nouvelle forme d'art. À peine avait-il été rédigé qu'aussitôt nous en fîmes, dans l'esprit de celui de qui avait fait "Critique de la séparation", un montage vidéo qui se présentait ainsi : un écran